Pourquoi n’a-t-on tenu compte d’aucune prévision, ni alerte pour une crise prévue dans deux livres blancs de la Défense et la Sécurité, dans divers textes américains dès 2004-2005 ? Et bien d’autres documents, travaux, recherches, rapports, publications, dont nous parlons dans notre livre Comment vivre au temps du coronavirus (Cerf).
On pourra même dire qu’on a été submergé d’alertes et mêmes de décisions intelligentes prises par un Président (Nicolas Sarkozy) des ministres (Roselyne Bachelot et Xavier Bertrand) et de nombreux parlementaires. Mais tout cela a été mobilisé pour une crise qui ne s’est pas produite, celle du H1N1 en 2009-2010. Du même coup, pensant qu’une crise évitée un jour l’était pour toujours, l’administration a peu à peu, mais méthodiquement, déconstruit l’outil mis en place pour anticiper, gérer et dépasser une pandémie future. C’est l’amnésie, l’inertie et l’anomie qui se sont conjuguées pour créer un virus comptable de plus en plus féroce : celui de l’économie comptable à courte vue qui permet de gagner un peu tout de suite, ce qui oblige parfois à se trouver face à des obligations financières sans aucune mesure afin de réparer en réaction ce qu’on avait décidé de ne pas investir par précaution.
Pensant qu’une crise évitée un jour l’était pour toujours, l’administration a peu à peu, mais méthodiquement, déconstruit l’outil mis en place pour anticiper, gérer et dépasser une pandémie future.
Pourquoi, au contraire, a-t-on détruit des stocks, et désarmé au niveau des moyens et des capacités du système de santé ?
Michel Rocard expliquait qu’en matière de catastrophe bureaucratique il fallait toujours privilégier la connerie au complot. La première était facile d’accès et largement répandue. Le second nécessitait beaucoup d’intelligence et d’organisation et se trouvait beaucoup plus rarement… Disons que les dispositifs bureaucratiques continuent imperturbablement à obéir à des ordres précis ou à attendre que l’Etat
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