La COVID-19 est la crise du multilatéralisme
Pour la première fois, on a eu une conscience commune à l’échelle internationale, en craignant la même chose en même temps. Quels sont, selon vous, les effets géopolitiques très directs de la crise sanitaire et ses conséquences moins perceptibles, notamment à long terme ?
Les effets à long terme, ils seront ce que nous en feront. Et là, finalement, les choix sont ouverts. On pourrait partir du principe clair que cette crise de la Covid-19 est en partie une crise du multilatéralisme, puisque nous n’avons pas su apporter une réponse collective immédiate à cette crise et que, y compris dans un premier temps au sein de l’Union européenne, les réponses ont été nationales. Parfois même, certains ont pu chercher à trouver à qui blâmer plutôt qu’à lutter contre la pandémie, puisque la séquence du génome du coronavirus a été trouvée dès le 17 janvier et qu’on a pourtant encore attendu quelques temps pour prendre les mesures radicales en Europe, notamment en France. Par rapport à cette crise, qui a illustré de façon éclatante que nous n’avions pas des règles du jeu communes et que nous n’avions pas finalement d’institutions de gestion collective de l’humanité, alors que cette humanité vit dans un monde global, eh bien, soit on tire les leçons et on accentue la recherche d’un multilatéralisme raisonné, soit, au contraire, on continue à chercher des boucs émissaires, à s’exonérer de responsabilités