Quelle Europe ?

Europe
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Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri En disant l’Europe ! L’Europe ! L’Europe !… Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien !

De Gaulle (Entretiens avec Michel Droit)

En mettant un terme, avec le Chancelier Adenauer, aux guerres fratricides qui nous opposaient à l’Allemagne, l’homme du 18 juin allait changer le cours de l’histoire en jetant les bases d’une construction européenne qu’il voulait « de l’Atlantique à l’Oural ».

Mais en réalité, le Général avait peu de choses en commun avec les artisans du Traité de Rome, Monnet, Schuman, avant tout soucieux, selon lui, de servir les Américains. Il ne recherchait que la grandeur de la France qui en 1958, dans une Europe des Six où elle était de loin la plus grande puissance, dotée d’un empire colonial, et peu après de l’arme nucléaire, tandis que l’Allemagne paraissait durablement coupée en deux, pouvait être le guide d’une Europe confédérale, respectant les nations, qui ne serait inféodée ni aux Russes ni aux Américains !

Très vite il dut déchanter, les Allemands préférant visiblement une subordination outre-Atlantique plutôt qu’une véritable association avec la France au sein d’une Europe européenne, militairement indépendante.

Convaincu du rôle que pouvait jouer notre pays dans le concert des nations, il témoigna sans cesse de sa volonté d’indépendance, en quittant l’Alliance atlantique, en reconnaissant la Chine de Mao, en rassemblant à Phnom-Penh, au Mexique, au Québec, des foules en liesse venues l’accueillir.

Mais au lieu de découpler l’Allemagne des États-Unis, ses successeurs allaient rapidement assujettir la France à une Europe anglo-saxonne dominée par Washington.

Dès lors on préféra sans cesse l’élargissement à l’approfondissement, la complicité des partis plutôt que l’adhésion des peuples, comme en témoigna le « non » du peuple français (et des Hollandais) à 54,68 % au référendum du 29 mai 2005, vite transformé par Nicolas Sarkozy le 4 février 2008 en ratification par un Parlement docile réuni en Congrès à Versailles.

On se souvient de la citation de Bertolt Brecht : « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple » !

Que faire aujourd’hui alors que, même si une monnaie commune a rapproché nos économies, d’importantes tensions se ressentent à l’intérieur de l’Union (Brexit notamment), alors qu’on reste muselé par une technocratie omniprésente toute tournée vers l’aventure fédéraliste qui briserait nos nations vieilles de 2000 ans?

J’ai toujours milité pour une Europe confédérale, à l’instar de nos voisins helvétiques, respectant les Nations qui la composent et leur histoire millénaire, retrouvant le principe bafoué de la subsidiarité pourtant gravé dans le marbre (c’est-à-dire, ne traitant au niveau européen que ce qui ne peut pas l’être plus efficacement au niveau national).

  • En développant une politique choisie de coopération européenne dans le domaine de la défense, de la lutte contre le terrorisme, de la politique étrangère, du contrôle des frontières, des grands travaux, des collaborations industrielles d’envergure (comme Airbus, ESA, EADS…),
  • En favorisant les investissements croisés intra-européens et surtout en rapprochant au fur et à mesure du possible, dans la zone euro, les pays qui peuvent assurer rapidement une convergence sociale, fiscale et environnementale évitant le dumping à l’intérieur de l’Union,
  • En protégeant les Européens contre la concurrence faussée de nos partenaires économiques extérieurs (en premier lieu les États-Unis), mais aussi de certains membres de l’Union européenne qui n’ont pu rejoindre les critères d’admission dans la zone euro (à cet égard, les rétorsions actuelles des États-Unis contre nos grandes entreprises qui ne respecteraient pas le blocus de l’Iran qu’ils imposent, naissent de l’incapacité de l’UE, géant économique, mais nain politique, à opposer une contre-offensive efficace).
  • En ne transposant jamais les directives européennes contre l’avis des Parlements nationaux et en gouvernant l’Europe avec économie, efficacité, dans le respect de la démocratie,
  • En favorisant les échanges notamment au niveau de la jeunesse, en développant dès la maternelle l’apprentissage d’au moins une autre langue européenne, en menant des politiques culturelles concertées,
  • En développant un esprit européen tourné vers le large pour maintenir grâce au développement local des vagues d’immigration incontrôlables, en œuvrant pour la paix au sein de l’UE et avec les organisations internationales (ONU) tout en s’ouvrant vers une politique de détente et de compréhension mutuelle avec les autres groupes géopolitiques (Russie, Moyen-Orient, Afrique, Chine)

On peut espérer, en quelques années, retrouver un nouvel élan.

Mais il faut que les peuples européens soient assurés que l’on respectera leurs choix, que les décisions communes se prendront à la majorité et non à l’unanimité, qu’on n’accueillera dans la zone euro que les pays européens qui ont la capacité économique d’en faire partie et qu’on attendra pour les autres. Il faut qu’un gouvernement confédéral prenne naissance ne s’occupant que des questions qui intéressent la Communauté toute entière et laisse à chaque nation le soin d’administrer elle-même ses propres affaires (on sait qu’aux États-Unis, pays fédéral par excellence, la peine de mort, par exemple, reste du domaine des États et non des autorités fédérales).

Qu’il agisse dans le sens de l’approfondissement et non de l’élargissement à tout prix, qu’il définisse au plus vite une politique étrangère et une politique de défense commune quitte, s’il le faut, à revenir provisoirement en arrière avec uniquement ceux qui veulent de cette Europe confédérale restreinte. Notre nouveau Président semble être un Européen convaincu. Espérons qu’il contribuera à la promotion de cette politique européenne nouvelle d’indépendance dans l’interdépendance.

Pierre Chastanier

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