Les villes sont directement touchées par le changement climatique. Elles sont parties du problème, en contribuant à plus de 60 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) selon les Nations Unies,1 et victimes directes de leurs conséquences qui peuvent se manifester de diverses manières telles que par des vagues de chaleur, pluies abondantes ou tempêtes par exemple.
Il semble donc primordial pour les villes de s’engager dans la lutte contre les changements climatiques en travaillant à la diminution des émissions de GES d’une part, et en mettant en place des actions de mitigation d’autre part. Le but serait pour les villes de devenir des Climate Resilient Cities ou villes résilientes au changement climatique. Les concepts de « résilience urbaine » et de « résilience climatique » permettraient, par exemple, de comprendre la nécessité pour les villes d’analyser leur situation de vulnérabilité face aux changements climatiques et de mettre en œuvre des plans d’action pour anticiper les risques à venir.
Or, sans cadre de référence réglementaire et scientifique strict, chaque ville doit définir sa façon de travailler en vue d’atteindre la résilience climatique : à travers des regroupements internationaux de villes (C40, 100RC, Cities Alliance, Resilient Cities Lab, etc.), en déclinant des politiques nationales ou régionales, ou en s’appuyant sur des programmes spécifiques par exemple.
D’autre part, le changement climatique n’est qu’un type de choc ou de stress parmi d’autres que peuvent connaître les villes (Leichenko2). Les chocs climatiques sont généralement combinés à d’autres chocs de type environnemental, économique et politique. L’enjeu n’est donc plus seulement d’intégrer la question des ressources et du changement climatique dans les pratiques, mais d’impulser les mutations structurelles « concernant aussi bien l’économie que les modes de vie et les systèmes de valeurs ».3
Ces nouveaux défis portés sur la réponse des villes aux changements futurs, projetés ou préconisés, conduisent à focaliser l’attention sur le couple territoire‐changements. Quelle est la capacité des territoires urbains à produire, vivre, traverser, digérer des changements ? Qu’est ce qui peut se passer en pro‐action dans les espaces avec les acteurs ? Cette nouvelle vision de la ville, qui prend en compte l’incertitude, la complexité et l’instabilité est en totale contradiction avec la simplicité rassurante des politiques normatives habituelles.
Il est donc primordial pour les villes de devenir résilientes à une gamme plus large de chocs et de stress qui se chevauchent et interagissent pour pouvoir enfin devenir des Climate Resilient Cities et ainsi assurer leur durabilité.
Karim Selouane
1 https://www.un.org/en/climatechange/cities-pollution. shtml
2 https://www.researchgate.net/publication /235981318_ Climate_Change_and_Urban_Resilience
3 Theys J., (2010), « Le développement durable vingt ans après : plaidoyer pour une seconde étape », in Theys, Jacques, Du Tertre, C., Rauschmayer, F., Le développement durable : la seconde étape, Paris, Éditions de l’Aube, 2010, collection « Monde en cours », pp. 21‐59.