L’agriculture française est confrontée à de nombreux défis environnementaux : utilisation des ressources, émissions de GES, pollutions liées aux pesticides, aux nutriments, impacts sur la santé, érosion de la biodiversité… Le modèle agricole spécialisé et productiviste ne répond plus aujourd’hui ni aux contraintes environnementales, de plus en plus prégnantes, ni aux attentes sociétales. Cette agriculture doit se réinventer, et poursuivre, accélérer sa transition environnementale et agroécologique, mais aussi sociale.
En effet, on sait qu’aujourd’hui de nombreuses fermes sont en difficulté sur le plan économique, avec des conséquences dramatiques pour les exploitants et leurs familles. En quelques chiffres, un agriculteur se suicide tous les deux jours, et près de 20 % des agriculteurs français n’ont pas pu se verser de revenu en 2017.1
La qualité environnementale est une part de la réponse : la transition agricole et agroécologique est aujourd’hui une nécessité. Il s’agit, d’une part, de permettre à la « Ferme France » de répondre aux attentes sociétales en matière de qualité, de protection de l’environnement et de santé des consommateurs, mais aussi de voir évoluer les conditions de travail de ces hommes et ces femmes, qui, par leur travail, nous nourrissent.
Parmi les gages de cette qualité environnementale, la certification « agriculture biologique » est sans doute la mieux connue. En engageant les agriculteurs dans une démarche globale à l’échelle de l’exploitation pour ne plus utiliser de pesticides ou d’engrais chimiques de synthèse, et en s’appuyant sur les interactions agroécologiques et les services écosystémiques fournis gratuitement par la nature (pollinisation, fertilisation des sols par la vie microbienne, régulation naturelle des ravageurs…), l’agriculture biologique est un levier majeur pour l’environnement. De plus, par la reconnaissance sociale et économique de l’AB, la plupart des agriculteurs qui ont fait le choix de la conversion à l’agriculture biologique ont vu leurs revenus augmenter. Ce mode de production, en s’appuyant sur la diversité des cultures, permet aux exploitations d’être plus résilientes face aux crises, qu’elles soient environnementales ou économiques – à l’échelle de l’exploitation, on ne met pas tous ses œufs dans le même panier.
La production en agriculture biologique est en croissance nette, avec près d’une exploitation sur 10, et près de 7,5 % de la surface agricole utile convertie en bio en 2018. Enfin, l’agriculture biologique représentait, en 2017, 12,5 % de l’emploi agricole direct, et plus de 43900 emplois dans l’aval de la filière biologique (agro-alimentaire et distribution, notamment).
Si les vertus de l’agriculture biologique ne sont plus à démontrer, les freins à la conversion existent encore pour les agriculteurs. Ils sont d’abord techniques, car il s’agit pour ces derniers de changer radicalement leurs pratiques, et pour ce faire, les conditions économiques sont déterminantes : comme pour toutes les entreprises, il est bien difficile de s’engager dans une démarche radicalement innovante et prendre un risque pour la pérennité de la structure quand cette dernière est au bord du gouffre.
L’action des décideurs prend donc ici tout son sens. L’accompagnement économique à la conversion au bio est une nécessité, à maintenir, sinon à renforcer, pour atteindre les objectifs du programme « Ambition bio 2022 » porté par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation,2 qui vise notamment 15 % de la SAU en bio en 2022. En outre, l’accompagnement technique représente un levier majeur, nécessitant, sur le terrain, l’emploi de conseillers formés sur ces pratiques à haut niveau technique. Enfin, en agissant sur la demande, par des politiques d’achat ambitieuses en matière d’alimentation biologique, les acteurs publics et privés peuvent contribuer de façon structurelle au développement de cette agriculture vertueuse, tant d’un point de vue environnemental que pour l’emploi et la croissance verte.
Pour en savoir plus, retrouvez nos 8 actions phares pour l’agriculture et le bien-être animal sur le site de PEPS : https://www.peps.website/alimentation-de-qualite
Corentin Biardeau-Noyers
Notes
1 Le Monde, 8 novembre 2019 : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/08/pres-de-20-des-agriculteurs-n-ont-degage-aucun-revenu-en-2017_6018444_3244.html