Un pacte vert pour l’Europe à l’Union européenne (UE) et à ses citoyens
Elle réitère l’engagement contracté par la Commission de relever les défis climatiques et ceux liés à l’environnement, qui constitue une mission majeure de notre génération. Année après année, l’atmosphère se réchauffe et le climat change. Sur les huit millions d’espèces que compte notre planète, un million risque de disparaître. Les forêts et les océans sont en train d’être pollués et détruits. Le pacte vert pour l’Europe est une réponse à ces défis. Cette nouvelle stratégie de croissance vise à transformer l’UE en une société juste et prospère, dotée d’une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive, caractérisée par l’absence d’émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 et dans laquelle la croissance économique sera dissociée de l’utilisation des ressources. Cette stratégie vise aussi à protéger, préserver et consolider le patrimoine naturel de l’UE, ainsi qu’à protéger la santé et le bien-être des citoyens des risques et incidences liés à l’environnement. Dans le même temps, cette transition doit être juste et inclusive. La stratégie doit placer les citoyens au coeur des préoccupations et prendre en considération les régions, les industries et les travailleurs qui seront exposés à d’énormes difficultés. Face aux changements colossaux qui nous attendent, la participation active des citoyens et la confiance qu’ils mettront dans la transition seront déterminantes dans la réussite des politiques et leur acceptation. Un nouveau pacte est nécessaire pour faire en sorte que les citoyens, dans toute leur diversité, les autorités nationales, régionales et locales, la société civile et les entreprises travaillent main dans la main avec les institutions et les instances consultatives de l’UE. Et la Grande Méditerranée dans ces enjeux mondiaux ?
Un plaidoyer pour une même performance énergétique sur les pays riverains du bassin méditerranéen
Depuis dix ans, dans ses études sur la performance énergétique, le Forum économique mondial (FEM) donne une vision très claire à ce sujet sur la situation des pays méditerranéens. Un même équilibre doit être trouvé entre le Nord et le Sud de ce bassin. Dans les trente premiers pays modèles, en termes de politiques d’efficacité énergétique, on ne trouve que sept méditerranéens, un même nombre que celui d’Amérique latine, mais tous du Nord du bassin. Il fallait compter sur les performances ces dernières années de pays comme la Slovénie, la Croatie et l’Albanie pour que la Méditerranée soit si bien représentée. Concernant la rive Sud et derrière le satisfecit des Israéliens, Marocains, Tunisiens, Algériens et Égyptiens de se voir mieux classés que les autres pays de la région MENA en politique de performance énergétique, une autre réalité, et pas des moindres, se cache dans le dernier rapport du Forum économique mondial de 2017. Le fossé est large entre les bons élèves du domaine, tels la France à la sixième place mondiale, l’Espagne à la septième et le Portugal à la onzième, et les pays du Sud méditerranéen qui sont loin derrière, après la cinquantième position. Le 19 décembre 2019, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a publiée dans le journal francophone algérien El Watan une contribution pour expliquer la nouvelle politique énergétique du Vieux Continent à la population du plus grand pays d’Afrique: « Le « Green Deal » est une stratégie de croissance durable et inclusive de l’Europe qui représente également une opportunité pour l’Algérie dans la mise en oeuvre de son Plan national climat et de sa Feuille de route pour l’économie circulaire. Les intérêts de l’Algérie, partenaire énergétique de l’UE de longue date, sont à la fois convergents et complémentaires avec ceux de l’Europe… ».
L’intention est louable de la part de la présidente de la Commission, mais elle n’aborde nullement les problématiques des pays du Sud de la Méditerranée à développer une pédagogique autour de la production et consommation énergétique. Car le constat est simple, et malgré les efforts de ces dernières années en faveur d’une politique énergétique commune autour du bassin méditerranéen, il est évident que les outils pédagogiques autour de la performance énergétique tardent à traverser la mer. Se pérennise une relation énergétique principalement basée sur l’extraction au Sud des hydrocarbures et leur production et consommation au Nord. Et il semble que pour le futur, ce sont les mêmes idées qui ont été défendues avec les projets Desertec et Medgrid en ce qui concerne les énergies renouvelables.
Selon les rapports et prévisions du Forum économique mondial, entre 2009 et 2017, la Tunisie recule de 18 points (65) et l’Algérie de 28 (81). On parle d’une explosion de la consommation énergétique des ménages dans ces pays, c’est-à dire de l’électricité dite spécifique, celle qui concerne principalement les produits électroniques grand public. Sauf le Maroc, qui trouve grâce aux yeux des experts du Forum économique mondial, puisqu’il a gagné 14 places à cause d’une politique en énergie renouvelable judicieuse. À ce titre, le réseau Medener, créé en 1997, pour promouvoir la performance énergétique autour de la Méditerranée, mérite plus que tout autre institution, concernant l’énergie au Nord et au Sud du bassin, une mise en valeur et plus de moyens d’intervention. Déjà, il développe depuis 2012 une base de données d’indicateurs d’efficacité énergétique. En juin 2019, Medener s’est appuyé sur le réseau Euromed, dédié aux villes durables des pays du pourtour du bassin, « afin de construire une vision commune des défis et des solutions pour la mise en oeuvre d’une transition énergétique inclusive et durable adaptée à la région méditerranéenne ». Car l’écart entre un Nord, dont les populations cherchent coûte que coûte à réduire la facture énergétique, et celles du Sud, qui ne jurent que par le confort énergétique, se creuse. D’autant que sur la rive sud, les populations devraient augmenter de 45 % d’ici 2030 et déjà la construction de bâtiments résidentiels comme tertiaires frôle constamment des chiffres records. Pour une harmonisation de la politique de performance énergétique au Nord comme au Sud de la Méditerranée, il faudra favoriser les industries de l’équipement électrique et demander aux pétroliers, gaziers et producteurs de réduire leur emprise sur la politique énergétique. Il faudra aussi s’inspirer des best practices dans d’autres régions, continents. Ainsi, il est nécessaire de s’interroger pourquoi la Colombie est le huitième pays de la performance énergétique mondiale et le tout petit Costa Rica quatorzième. Et pour ce dernier, étudier sa stratégie, car aujourd’hui, les énergies renouvelables fournissent environ 98,1% de la consommation énergétique de son territoire.
À ce sujet les pays du bassin méditerranéen ensemble doivent méditer cette estimation de l’Agence internationale de l’énergie : « …La production d’énergie solaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord représente potentiellement 100 fois la demande d’électricité de ces deux régions avec l’Europe réunies… ». De même, la future stratégie globale avec l’Afrique et le sommet de 2020 entre l’Union africaine et l’Union européenne devraient placer le climat et les questions environnementales au coeur des relations entre les deux continents. En particulier, l’alliance Afrique-Europe pour un investissement et des emplois durables visera à libérer le potentiel de l’Afrique pour lui permettre de progresser rapidement vers une économie verte et circulaire, caractérisée notamment par des systèmes énergétiques et alimentaires durables et des villes intelligentes. L’UE renforcera son engagement vis-à-vis de l’Afrique en faveur d’un déploiement et d’échanges accrus d’énergie durable et propre. L’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique, permettant des méthodes de cuisson propres, par exemple, sont essentielles pour combler les lacunes en matière d’accès à l’énergie en Afrique tout en atteignant les objectifs de réduction de CO2 fixés. L’UE lancera une initiative baptisée « Naturafrica », destinée à lutter contre l’appauvrissement de la biodiversité grâce à la création d’un réseau de zones protégées, avec pour objectifs la protection de la vie sauvage et l’offre de débouchés dans les secteurs verts pour les populations locales. De manière plus générale, l’UE devra utiliser ses instruments diplomatiques et financiers pour faire en sorte que les alliances vertes soient intégrées dans ses relations avec les pays riverains de la Méditerranée en particulier et de l’Afrique en général. Enfin, il conviendrait aussi que l’UE renforce ses initiatives actuelles et noue un dialogue avec les pays tiers au sujet de questions transversales en matière de climat et d’environnement.
Jean-Claude Fontanive